Hylobatidae

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Hylobatidés • Gibbons

Les Hylobatidés (Hylobatidae) sont une famille de primates hominoïdes (les grands singes) appelés couramment gibbons. Certaines espèces sont plus précisément appelées houlock ou siamang[1].

Ces espèces se différencient principalement des autres grands singes par leur plus petite taille, la longueur importante de leurs bras par rapport à leur corps, leur mode de vie exclusivement arboricole, l'usage de la brachiation comme principal moyen de locomotion et leur organisation sociale basée sur des couples monogames.

Étymologie et histoire du terme gibbon[modifier | modifier le code]

D'après Buffon, Joseph François Dupleix est le premier à utiliser le terme « gibbon » pour nommer ces espèces en français[2].

Le mot « gibbon » n'apparait dans les anciens dictionnaires de français qu'à partir de la 8e édition du Dictionnaire de l'Académie française (1932-5). Ouvrage qui le définit simplement comme un « grand singe des Indes »[3].

Trésor de la langue française informatisé (TLFi) en donne une définition différente : les espèces ne sont plus limitées aux Indes mais à l'Asie. Ce ne sont plus des « grands singes » mais des « singes anthropoïdes (...) de taille moyenne ». Le TLFi indique que le mot est emprunté à une langue indienne, sans préciser laquelle, ni son sens exact dans cette langue. Il ajoute pour critères distinctifs des gibbons leurs mœurs grégaires, arboricoles et végétariennes[2]. Il peut être originaire d'un mot Orang Asli[4].

L'usage de ce terme pour désigner ce type de singe est commun aux langues ouest-européennes.

Caractéristiques physiques[modifier | modifier le code]

 v · d · m  Formule dentaire
mâchoire supérieure
3 2 1 2 2 1 2 3
3 2 1 2 2 1 2 3
mâchoire inférieure
Total : 32

Les gibbons diffèrent des hominidés (chimpanzés, bonobos, gorilles, orang-outans, et humains) en étant plus petits. Ils vivent en couples, ne construisent pas de nids et possèdent certains caractères anatomiques qui les font ressembler aux autres singes.

Les gibbons sont les maîtres dans l'art de la brachiation, qui leur permet de se balancer de branche en branche, qui peuvent être distantes de plusieurs mètres, à la vitesse de 80 km/h. Ils peuvent également sauter et marcher de façon bipède en relevant leurs bras pour s'équilibrer.

La caractéristique anatomique principale des hylobatidés est la structure du poignet, dont les os forment une boule logée dans un trou, ce qui permet des mouvements biaxiaux, contrairement aux hominidés. Une telle jointure permet de diminuer la quantité d'énergie nécessaire aux mouvements dans le bras et le torse, et réduit également le stress provoqué à l'épaule. Ils possèdent également de longues mains et de grands pieds, avec une démarcation entre le premier et le second doigt de leurs mains. La fourrure de ces singes est généralement noire, grise, brune avec souvent des marques blanches sur les mains, les pieds et le visage. Certaines espèces ont un sac vocal sous la mâchoire inférieure qui sert de caisse de résonance lors des hurlements. Ce sac peut être énorme chez certaines espèces, égalant la taille de la tête.

Le crâne des hylobatidés ressemble à celui des grands singes, avec un rostre court, une boîte crânienne élargie et de larges orbites oculaires tournées vers l'avant. Les gibbons sont des catarrhiniens avec des narines proches l'une de l'autre, tournées vers l'avant et orientées vers le bas. Ils n'ont pas de bas-joues et leur estomac n'est pas divisé en poches. Leurs dents sont similaires à celles des grands singes, de type bunodontes. Les molaires supérieures possèdent un cingulum qui peut être large. Les canines sont proéminentes mais ne sont pas sujettes à un dimorphisme sexuel. La formule dentaire est celle des catarrhiniens.

Les gibbons sont totalement arboricoles et ont développé des formes hautement spécialisées de locomotion. Le fort allongement de leurs bras et de leurs mains est adapté à la brachiation qui optimise l'accès aux fruits dans les branches terminales des arbres dans lesquels ils peuvent se déplacer à 50 km/h et faire des bonds de plus de 10 m, ce qui leur permet de franchir les trouées dans la canopée. Leurs membres antérieurs, dont l'avant-bras dépasse en longueur le bras, sont très allongés, si bien que sans effort l'animal dressé est à même de toucher le sol de ses mains fermées. Ne pouvant rester debout immobile, les gibbons pratiquent plus rarement la bipédie (environ 10 % de leur temps de locomotion) mais avec une démarche maladroite, devant fléchir l'articulation des hanches et des genoux. Ces caractéristiques expliquent qu'ils marchent en se balançant pour garder l'équilibre et les membres antérieurs souvent au-dessus de leur tête[5].

Ces primates sont dépourvus de queue. Ils présentent des callosités sur l'arrière-train[6].

Comportement[modifier | modifier le code]

Répartition[modifier | modifier le code]

Répartition des différents genres d'hylobatidés.

On trouve les représentants de cette famille dans les forêts tropicales depuis le Nord-est de l'Inde à l'Indonésie, au Sud de la Chine, ainsi que dans les îles de Sumatra, Bornéo et Java.
Avant la confirmation des études génétiques, les différentes espèces ont été réparties dans des genres suivant un principe relevant de la biogéographie[7].

Classification[modifier | modifier le code]

Les gibbons étaient à l'origine tous classés dans le genre Hylobates, mais les analyses génétiques les ont divisés en quatre genres basés sur leur nombre de chromosomes : 38 chromosomes pour le genre Hoolock, 44 pour Hylobates, 52 pour Nomascus et 50 pour Symphalangus[8].

Espèces actuelles[modifier | modifier le code]

Liste des espèces actuelles selon ITIS[9] :

Une nouvelle espèce, Hoolock tianxing Fan et al., 2017, a été récemment séparée de Hoolock leuconedys à la suite d'analyses génétiques[10].

Genre fossile[modifier | modifier le code]

L'espèce éteinte † Bunopithecus sericus était considérée comme proche des gibbons houlocks qui étaient un temps classés dans le même genre sous une même espèce. Mais il a été estimé que les houlocks ne partagent pas suffisamment de caractéristiques avec cette espèce et le nouveau genre Hoolock a été créé en 2005, faisant de † Bunopithecus un genre fossile[11].

Une autre espèce éteinte (nouveau genre également) est décrite en 2018, Junzi imperialis, dont quelques ossements ont été retrouvés dans une tombe impériale chinoise en 2004.

Noms français et noms scientifiques correspondants[modifier | modifier le code]

Liste alphabétique des noms vulgaires ou des noms vernaculaires attestés[a] en français.
Note : certaines espèces ont plusieurs noms. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide.

Phylogénie[modifier | modifier le code]

Au sein des singes[modifier | modifier le code]

Phylogénie des familles de singes, d'après Perelman et al. (2011)[19] et Springer et al. (2012)[20] :

 Simiiformes 
 Catarrhini 
 Cercopithecoidea 

 Cercopithecidae (Babouin, Macaque, Colobe…)


 Hominoidea 

 Hylobatidae (Gibbon)



 Hominidae (Orang-outan, Gorille, Chimpanzé et Homme)




 Platyrrhini 

 Cebidae (Sapajou, Singes-écureuil, Ouistiti, Tamarin…)




 Pitheciidae (Saki, Ouakari, Titi…)



 Atelidae (Atèle, Singe-hurleur…)





De la famille[modifier | modifier le code]

Phylogénie des espèces actuelles de gibbons d'après Springer et al., 2012[21] :

 Hylobatidae 
 Hoolock 

Hoolock hoolock - Gibbon hoolock occidental



Hoolock leuconedys - Gibbon hoolock oriental




 Nomascus 


Nomascus hainanus - Gibbon de Hainan



Nomascus nasutus - Gibbon de Cao-Vit





Nomascus concolor - Gibbon noir




Nomascus gabriellae - Gibbon à joues jaunes




Nomascus leucogenys - Gibbon à favoris blancs du Nord



Nomascus siki - Gibbon à favoris blancs du Sud







 Symphalangus 

Symphalangus syndactylus - Siamang


 Hylobates 

Hylobates pileatus - Gibbon à bonnet




Hylobates lar - Gibbon à mains blanches





Hylobates klossii - Siamang De Kloss



Hylobates moloch - Gibbon cendré






Hylobates agilis - Gibbon Agile



Hylobates albibarbis





Hylobates abbotti




Hylobates funereus



Hylobates muelleri - Gibbon de Müller











État de conservation[modifier | modifier le code]

La plupart des espèces de gibbons sont menacées de disparition[22], principalement en raison de la dégradation ou de la perte de leurs habitats, les forêts d'Indonésie[23].

Sur l'île de Phuket, en Thaïlande, un centre de réadaptation organisé par des volontaires sauve des gibbons maintenus en captivité qui sont ensuite relâchés dans la nature[24].

Le projet Kalaweit comprend également des centres de rééducation pour gibbons à Bornéo[25] et à Sumatra[26]. L’association Kalaweit (association loi de 1901) a été créée en France en 1998 par Aurélien Brulé surnommé Chanee ou gibbon en thaï[27] et dont le projet s'est concrétisé avec soutien de Muriel Robin[28]. Son objectif est la sauvegarde des gibbons et de leur habitat via le développement de zones protégées en Indonésie.

Les gibbons dans la culture[modifier | modifier le code]

En extrême Orient[modifier | modifier le code]

Couple de gibbons et son petit
Gibbons peints par l'empereur Xuande en 1427, Dynastie Ming.

La plus ancienne représentation de gibbon est une figurine datée du IIIe ou IVe siècle durant la dynastie des Zhou. Ils sont souvent représentés graphiquement, particulièrement pendant la dynastie des Song et au début de celle des Yuan. Les peintures de Yì Yuanji et Muqi Fǎcháng sont les plus connues.

En se basant sur la littérature – sous le nom de , yuán – et leur représentation dans les peintures chinoises, le sinologue Robert van Gulik conclut que les gibbons sont très répandus au centre et au sud de la Chine au moins jusqu'aux Song c'est-à-dire au XIVe siècle. Les premiers écrivains chinois décrivent le gibbon comme un être se déplaçant gracieusement dans la canopée, comme le « gentleman » des forêts (jūnzǐ, 君子), contrairement à l'avide macaque attiré par la nourriture de l'homme.

Les taoïstes attribuent des propriétés occultes aux gibbons, croyant qu'ils pourraient vivre mille ans et se transformer en êtres humains[29]. Du fait de l'influence de la Chine sur le Japon, cet animal est souvent représenté dans l'art japonais, plus particulièrement dans le motif zen du gibbon cherchant à attraper le reflet de la lune dans l'eau[30], bien que n'ayant jamais été naturellement présent sur l'île.

Ce terme de yuán est devenu le terme générique en mandarin pour désigner les singes. Ils ont peut-être disparu de Chine du fait de la destruction de leur habitat.

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Le Gibbon est le nom d'un super-vilain évoluant en costume de gibbon dans l'Univers Marvel.
Gibbon est le nom d'un Mangemort, l'un des personnages de l’univers de Harry Potter.

Sources[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Bases de référence[modifier | modifier le code]

Autres sites[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Attention aux appellations et traductions fantaisistes circulant sur l'Internet.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Définitions : siamang - Dictionnaire de français Larousse », sur larousse.fr (consulté le ).
  2. a et b Informations lexicographiques et étymologiques de « Gibbon » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  3. Gibbon dans la 9e édition (1992-...) du Dictionnaire de l'Académie française, sur Atilf, consulté en février 2011.
  4. Teckwyn Lim, « An Aslian origin for the word gibbon », Lexis, vol. 15,‎ (lire en ligne).
  5. (en) Evie Vereecke, Kristiaan D'Août, Linda Van Elsacker, Dirk De Clercq et Peter Aerts, « Functional analysis of the gibbon foot during terrestrial bipedal walking : Plantar pressure distributions and three-dimensional ground reaction forces », American Journal of Physical Anthropology, vol. 128, no 3,‎ , p. 659–669 (DOI 10.1002/ajpa.20158).
  6. « Monde des mammifères » (consulté le ).
  7. Geissmann, T. (1995) Gibbon systematics and species identification, International Zoo News Vol. 42, No. 8 (1995), p. 467-501 (lire en ligne).
  8. (en) Thomas Geissmann, « Gibbon systematics and species identification », International Zoo News, vol. 42/8, no 265,‎ , p. 467-501 (lire en ligne [PDF]).
  9. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 8 août 2016.
  10. (en) P-F Fan, K He, X Chen, A Ortiz, B Zhang, C Zhao, Y-Q, Li, H-B Zhang, C Kimock, W-Z Wang, C Groves, S.T Turvey, C Roos, K.M Helgen et X-L Jiang, « Description of a new species of Hoolock gibbon (Primates: Hylobatidae) based on integrative taxonomy. », Wiley Periodicals, Inc., no 9999,‎ , p. 1-17 (ISSN 1098-2345, DOI 10.1002/ajp.22631, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Alan Mootnick et Colin Peter Groves, « A new generic name for the hoolock gibbon (Hylobatidae) », International Journal of Primatology, vol. 26, no 4,‎ , p. 971–976 (ISSN 0164-0291, DOI 10.1007/s10764-005-5332-4).
  12. a b c d e et f Nom vernaculaire français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at.
  13. a b c d e f g h et i Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  14. a b c d e f g h i j k l m n o p et q (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0444518770 et 9780444518774). 857 pages. Rechercher dans le document numérisé.
  15. (en) Référence UICN : espèce Hoolock hoolock (Harlan, 1834) (consulté le ).
  16. Nom vernaculaire en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada.
  17. Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000. Lire en ligne.
  18. (en) « Hylobates klossii (Miller, 1903) », sur speciesplus.net (consulté le ).
  19. (en) P. Perelman, W. E. Johnson et al., « A molecular phylogeny of living primates », PLoS Genetics, vol. 7, no 3,‎ , e1001342 (PMID 21436896, PMCID 3060065, DOI 10.1371/journal.pgen.1001342, lire en ligne).
  20. (en) Mark S. Springer, Robert W. Meredith et al., « Macroevolutionary Dynamics and Historical Biogeography of Primate Diversification Inferred from a Species Supermatrix », PLoS ONE, vol. 7, no 11,‎ , e49521 (ISSN 1932-6203, PMID 23166696, PMCID 3500307, DOI 10.1371/journal.pone.0049521, lire en ligne).
  21. (en) Mark S. Springer, Robert W. Meredith, John Gatesy, Christopher A. Emerling, Jong Park, Daniel L. Rabosky, Tanja Stadler, Cynthia Steiner, Oliver A. Ryder, Jan E. Janečka, Colleen A. Fisher et William J. Murphy, « Macroevolutionary Dynamics and Historical Biogeography of Primate Diversification Inferred from a Species Supermatrix », PLoS ONE, vol. 7, no 11,‎ , e49521 (ISSN 1932-6203, PMID 23166696, PMCID 3500307, DOI 10.1371/journal.pone.0049521, lire en ligne)
  22. Les gibbons sur la Liste Rouge (RedList) de l'IUCN (International Union for Conservation of Nature), consultée le 30/11/2018.
  23. Voir la question de la déforestation en Indonésie sur Wikipedia.
  24. The Gibbon Rehabilitation Project, depuis 1992.
  25. Kalaweit à Bornéo.
  26. https://www.kalaweit.org/sites-kalaweit-sumatra.php Kalaweit à Sumatra].
  27. Histoire de Chanee sur le site de l'association.
  28. https://www.especes-menacees.fr/kalaweit/ Kalaweit, Jennifer Matas, 18.06.2018.
  29. (en) Robert van Gulik, The gibbon in China. An essay in Chinese animal lore. E.J.Brill, Leiden, Holland. (1967). Un court résumé se trouve sur Gibbons.de.
  30. (en) Thomas Geissmann, Gibbon paintings in China, Japan, and Korea: Historical distribution, production rate and context". Gibbon Journal, No. 4, May 2008. (Cet article inclut un grand nombre de grandes reproductions couleurs de plusieurs artistes).
  31. Myers, P., R. Espinosa, C. S. Parr, T. Jones, G. S. Hammond, and T. A. Dewey. The Animal Diversity Web (online). Accessed at https://animaldiversity.org, consulté le 14 octobre 2005