Postes, télégraphes et téléphones (France)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

PTT
logo de Postes, télégraphes et téléphones (France)
Logo des Postes et Télécommunications (1960).
illustration de Postes, télégraphes et téléphones (France)

Création  : premier ministère des Postes et Télégraphes
Disparition
Forme juridique Administration d’État, sous budget annexe
Siège social Paris
Drapeau de la France France

Société suivante France Télécom
La Poste
Direction des réglementations générales

Les Postes, télégraphes et téléphones ou PTT, initialement appelés Postes et télégraphes (P&T), puis Postes, télégraphes et téléphones (PTT) et enfin Postes et télécommunications à partir de 1959[1] (le sigle PTT est néanmoins conservé), étaient l'administration publique française responsable des postes et des télégraphes, puis des téléphones, aux XIXe et XXe siècles. C'était une administration d'État relevant du ministère des PTT. Mais selon les gouvernements successifs des différentes Républiques, ce ministère avait la charge d'autres activités comme l'industrie, l'espace ou la télédiffusion.

Cette institution fonctionnait avec des fonctionnaires de l'État, des véhicules et des bâtiments du parc immobilier du domaine de l'État. Elle est transformée au fur et à mesure des réformes de l'État en deux sociétés de service public : France Télécom, en 1988, et La Poste, en 1991, ainsi que des organismes de régulation – direction des réglementations générales (DRG), devenues autorité de régulation des télécommunications (ART), devenue Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP).

Après l'éclatement des PTT en deux entreprises publiques, l'État a cédé les véhicules et le parc immobilier à ces deux identités commerciales, La Poste et France Télécom. Les fonctionnaires ont été affectés au sein de ces entreprises sans perdre leur statut de « fonctionnaire de l'État ». En revanche, La Poste et France Télécom se doivent de prendre en charge les traitements. Après un dernier concours externe fonctionnaire en 2001, le personnel recruté est embauché sous statut de droit privé. C'est-à-dire qu'il n'a pas le statut de fonctionnaire.

La dénomination « Postes, télécommunications et télédiffusion » a été officiellement celle du ministère des PTT, ministère de tutelle, dans les années 1980[2]. Elle était surtout utilisée dans les campagnes françaises, sur les textes non officiels, dans les journaux de communication internes et lors de tournages de films. La télédiffusion (qui regroupe les services de chaînes de télévisions et les organes de la radio) a toujours été indépendante.

Le ministère des PTT[modifier | modifier le code]

Le ministère des Postes et des Télégraphes, créé en 1879, sous la troisième République, est issu de la fusion de deux administrations : d'une part, la Direction de l'exploitation postale, rattachée jusqu'alors au ministère des Finances ; d'autre part, la Direction des lignes télégraphiques, qui avait longtemps relevé du ministère de l'Intérieur.

À ces deux administrations réunies en un ministère unique en 1879, vient s'ajouter en 1889, celle du téléphone, dont le monopole, concédé dix ans plus tôt à la Société générale des téléphones, est repris par l'État. Entre 1887 et 1930, les trois secteurs (Postes, Télégraphe, Téléphone) sont successivement placés sous l'autorité de directeurs généraux ou de secrétaires d'État rattachés d'abord au ministère des Finances puis à celui du Commerce et de l'Industrie ou encore des Travaux publics.

Doté d'un budget annexe en 1923, cette administration constitue à nouveau un département ministériel autonome à partir de 1930, sous l'appellation de ministère des Postes, Télégraphes et Téléphones. Ce dernier prendra le nom de ministère des Postes et Télécommunications en 1959, lors de la réunion de l'exploitation télégraphique et de l'exploitation téléphonique en une seule entité, la direction des télécommunications.

Entre 1981 et 1997, l'appellation du ministère reflète ses changements de mission : le ministère se verra attribuer tour à tour la télédiffusion, l'espace, les technologies de l'information, dépendant tantôt du ministère de l'Industrie, tantôt de celui de l'Économie et des Finances. C'est une période de grande transformation avec la naissance en 1988 de France Télécom puis en 1991 de l'entreprise La Poste.

Il est intéressant de noter que les postes téléphoniques fournis aux particuliers avaient un label apposé « Propriété de l’État ». Contrairement à aujourd'hui, il n'existait qu'une seule offre : contrats abonnements uniques, il n'y avait clairement pas une diversité de l'offre.

À partir de 1998, ses attributions sont réorganisées à l'intérieur d'un secrétariat d'État à l'industrie au sein du ministère de l'Industrie.

Le bâtiment du ministère des PTT[modifier | modifier le code]

Le 103, rue de Grenelle à Paris.

À sa création, le ministère des PTT s'installa au 103, rue de Grenelle dans le 7e arrondissement de Paris. En 1939, l'administration centrale du ministère déménage dans le quartier de l’École militaire pour faire corps avec le nouveau ministère de la Marine marchande. Le nouveau bâtiment, avenue de Ségur, moderne et fonctionnel, est conçu par Jacques Debat-Ponsan (1882-1942), architecte en chef des PTT. Le nouvel édifice aux lignes modernes s'étend sur trois cents mètres de façade dans un style néo-classique. Le ministère des PTT est demeuré dans ce bâtiment jusqu'à sa disparition consécutive à la création des opérateurs de droit public, La Poste et France Télécom. Des services de l'Industrie puis l'administration centrale de l’Écologie ont par la suite occupé cet immeuble[3] qui fait depuis 2016 partie de l'ensemble Ségur-Fontenoy.

Liste des ministres français des Postes et Télécommunications[modifier | modifier le code]

Chronologie[modifier | modifier le code]

XVe siècle[modifier | modifier le code]

  • 1464 : alors que se sont développées de petits réseaux postaux privés (messageries universitaires, communales, réseaux postaux des communautés religieuses, des banquiers et marchands), Louis XI met en place la première poste d'État qui transporte uniquement des messages royaux par des chevaucheurs[4]. Il divise le corps des chevaucheurs des écuries du roi en deux groupes, les « courriers du cabinet » ou « chevaucheurs chevauchant » chargés de transporter le courrier royal, et les « postes assises » chargées de fournir les chevaux. Ces premiers relais de poste à chevaux créés sur le modèle italien sont tenus par un maître de poste par l'édit de Doullens du (l'authenticité de ce document est cependant parfois remise en cause car le texte original n'a jamais été retrouvé et que sa copie de 1660 renferme plusieurs anachronismes[5],[6]). Si la date de 1464 est sujette à caution, l'apparition de la poste est un processus complexe qui peut être daté entre 1475 et 1480[7].
  • 1479 : en octobre, Louis XI institue la charge de « contrôleur général des chevaucheurs » affectée à la surveillance des routes postales. Le premier système régulier de relais sur les grandes routes de France est désormais en place, la messagerie royale met à disposition des postillons et chevaux « postés », c'est-à-dire des montures fraîches dans chaque maison de poste, permettant à une lettre de parcourir 400 km en 24 heures[8] alors que les relais sont théoriquement distants de 4 ou 7 lieues, d'où les fameuses bottes de sept lieues[9].

XVIe siècle[modifier | modifier le code]

  • 1576 : création par Henri III d’offices de messagers royaux qui sont spécialisés dans le transport des prisonniers, des sacs de procédure, des fonds mais sont aussi autorisés à transporter les lettres des particuliers, les marchandises dont le poids est inférieur à 50 livres et les voyageurs. Ils concurrencent les messageries de l’Université qui dominent le commerce épistolaire depuis le XIIIe siècle et les messageries royales[10].

XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

  • 1672 : deux beaux-frères, Léon Pajot et Louis Rouillé, installent la « Poste aux Lettres » dans l'hôtel de Villeroy au 9, rue des Déchargeurs / 34, rue des Bourdonnais, quartier des Halles à Paris[11]. Ils payent une redevance au roi Louis XIV pour pouvoir exploiter ce service. Les messageries de l'Université et les messageries royales voient leurs droits réduits au profit de cette organisation centralisée et concentrée qu'est la Ferme générale des postes[12].
  • 1689 : agrandissement et construction au 9, rue des Déchargeurs du « Bureau général de la Poste ». Un cabinet noir permet aux services du roi Louis XIV d'espionner des lettres qui semblent intéressantes. Le bâtiment, classé monument historique[13], existe toujours et abrite aujourd'hui des logements et la Crémerie de Paris[14],[15].

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

  •  : les familles Pajot et Rouillé qui régnaient sur la Ferme générale des postes depuis 1672 sont remplacées par les familles Grimod et Thiroux qui vont être à la tête des Postes jusqu'à la Révolution[16].
  • 1792 : le premier réseau de communication voit le jour grâce au télégraphe Chappe.
  • et  : fondation de la Régie nationale des postes et messageries et nomination de 9 administrateurs.
  •  : création de la direction générale des Postes.

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Agence des Postes, télégraphes et téléphones, à Grignols (Dordogne).
Mosaïque du bureau des Postes, Télégraphe et Téléphone, par Sante Vallar (1893-1951), à Semblançay.
Logo du ministère utilisé de 1988 à 1991.

Les archives du ministère des PTT sont conservées aux Archives nationales sous la cote F/90[22].

Les projets français de construction d'une fusée postale menés sous la tutelle du ministère des PTT sont conservés aux Archives nationales sous la cote 19780259/211.

Effectifs[modifier | modifier le code]

L'administration des PTT voit ses effectifs augmenter considérablement durant la IIIe République, passant de 34 000 fonctionnaires en 1873 à 199 000 en 1941[19],[23].

En 1989, les PTT emploient 470 576 salariés, dont 33 628 contractuels et auxiliaires (6,5 %, pour les remplacements d'été et les mi-temps).

  • La Poste emploie 302 568 personnes, dont 273 369 fonctionnaires (90 %)
  • Les Télécom : 159 016 télécommunicants dont 154 553 fonctionnaires (94 %)
  • services communs : 9 026 fonctionnaires.

Galerie[modifier | modifier le code]

Identité visuelle (logo)[modifier | modifier le code]

Voir aussi : oiseau postal, le logotype utilisé par la Poste depuis 1960.

Arts et littérature[modifier | modifier le code]

L'histoire des PTT et de leur grand fournisseur historique, la CGE, sont au centre de Comédies françaises, un roman d’Éric Reinhardt publié en 2020. Le roman est consacré au lobbying, et décrit comment Ambroise Roux patron de la CGE a obtenu du président Valéry Giscard d'Estaing en 1974-1975, au début des surfacturations aux PTT, l'abandon du Plan Calcul, d'Unidata, de la Délégation générale à l'informatique, et du Réseau Cyclades.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « P.T.T » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. « Décret no 84-800 du 27 août 1984 », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  3. « Des noces d'or pour cinquante ans d'avance (cinquantenaire du bâtiment du ministère des PTT) », dans Messages de la Poste, des Télécommunications et des techniques de communication, no 386, 1989.
  4. Eugène Vaillé, Histoire générale des postes françaises. De Louis XI à la création de la surintendance générale des postes (1477-1630), Presses universitaires de France, , p. 5.
  5. Jacques Borredon, Code de la voirie routière et textes annexes : explicitations et commentaires, Éditions du Papyrus, , p. 13.
  6. Gaston Zeller, « UN FAUX DU XVII e SIÈCLE : L'ÉDIT DE LOUIS XI SUR LA POSTE », Revue Historique, vol. 180, no 2,‎ , p. 286–292 (ISSN 0035-3264, lire en ligne, consulté le )
  7. Camille Allaz, Histoire de la poste dans le monde, Flammarion, , p. 221.
  8. L'œuvre de Louis XI.
  9. Joseph Jobé, Au temps des cochers : histoire illustrée du voyage en voiture attelée du XVe au XXe siècle, Lausanne, Édita-Lazarus, 1976, p. 54.
  10. Patrick Marchand, Le maître de poste et le messager. Une histoire du transport public en France au temps du cheval, 1700-1850, Belin, , p. 20.
  11. La Poste aux Lettres 9, rue des Déchargeurs / 34, rue des Bourdonnais.
  12. Patrick Marchand, op. cit., p. 22.
  13. Notice no PA00085842, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  14. Crémerie de Paris un lieu mythique dans l'histoire des Télécommunications.
  15. La Poste Pajot & Rouillé et l'Annuaire du Monde
  16. Patrick Marchand, op. cit., p. 100.
  17. « Les télégraphes et les postes pendant la guerre de 1870-1871 : fragments de mémoires historiques / F.-F. Steenackers,… », sur Gallica, (consulté le ).
  18. Arrêté du 7 octobre 1904. Le ministre du Commerce de l'Industrie et des Postes et Télégraphes arrête : la station radiotélégraphique d'Ouessant est ouverte à partir du 10 octobre 1904 à l'échange des correspondances privées avec les navires en mer.
  19. a et b Antoine Lefébure, « Quand Vichy s'appuyait sur les PTT pour surveiller les Français », sur Slate, (consulté le ).
  20. L’Adresse Musée de la Poste Conservation du Patrimoine, « Histoire de la marque PTT et du logo La Poste » [archive] [PDF], (consulté le )
  21. Annette Apaire et Jean-François Brun, Le patrimoine du timbre-poste français, Flohic, , p. 607.
  22. « FRAN_POG_04 - Salle de lecture virtuelle », sur archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le ).
  23. Marcel Pinet, Histoire de la fonction publique en France. Tome III, Les XIXe et XXe siècles, Nouvelle librairie de France, (ISBN 2-901988-00-8 et 978-2-901988-00-7, OCLC 30501871, lire en ligne), p. 262.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Revue des PTT de France. Éditée par l'Administration française des P.T.T. à partir de 1946.
  • Eugène Vaillé, Histoire des postes françaises depuis la Révolution, Que sais-je ?, Presses universitaires de France, 1947.
  • Pierre Plouseau, L'Exode d'un ministère à Vendôme, , mi-, Corsaire Éditions, 2009.
  • Antoine Lefébure, Conversations secrètes sous l'occupation, Tallandier, 2018.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]