Saint Michel Archange terrassant le démon

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Saint Michel Archange terrassant le démon
Artiste
Date
v.1635-1636
Commanditaire
Type
Technique
Huile sur soie
Dimensions (H × L)
293 × 202 cm
Localisation

Saint Michel Archange terrassant le démon est une huile sur soie de Guido Reni, peinte vers 1636 pour l'église Santa Maria della Concezione dei Cappucini à Rome. Ce tableau religieux dépeint le célèbre épisode de l'Apocalypse selon saint Jean où l'archange saint Michel terrasse le démon.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le tableau est une commande du cardinal Antonio Barberini afin de doter l'église de Santa Maria della Concezione d'un nouveau tableau lors du chantier d'embellissement dans les années 1630[1].

C'est grâce à la gravure de Giovanni De'Rossi que nous pouvons dater son exécution vers 1635-1636[2]. En effet, le tableau fut rapidement gravé et ces estampes permettent de donner un terminus ante quem.

Grâce à Carlo Cesare Malvasia, nous savons que Guido Reni chargea Ercole De'Maria d'accompagner le tableau jusqu'à son lieu d'exposition. Ce dernier, une fois sur place, devait apporter les dernières retouches au tableau et ouvrir une boutique pour en exécuter les demandes de copie[3],[4].

Analyse artistique[modifier | modifier le code]

D'un point de vue chronologique, cette œuvre correspond à la maturité artistique de Guido Reni. De fait, selon les historiens de l'art, elle s'accorde avec sa « troisième manière ». C'est-à-dire que sa palette se rapproche des canons esthétiques du courant maniériste et son pinceau est moins lisse que ses tableaux précédents[1].

Pour cette oeuvre, Guido Reni s'inspire du Grand saint Michel de Raphaël pour qui il avait une grande admiration[5]. De commun aux deux oeuvres, nous retrouvons l'attitude dansante de l'archange et l'antagonisme esthétique des deux protagonistes.

Iconographie[modifier | modifier le code]

L'épisode choisi par les commanditaires correspond au moment de la victoire de l'archange sur le démon, dont la source est tirée de l'Apocalypse selon saint Jean (12-7) :

« Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. »

Là où saint Michel rend justice à la réputation de « peintre de la grâce » de Guido Reni, le démon est un exemple de laideur[6]. Cette rhétorique de la composition est à mettre en lien avec les préceptes artistiques prônés par la Contre Réforme. De fait, cette opposition beauté / laideur est un moyen d'exposer de manière figurative la victoire du bien sur le mal[7].

L'histoire du saint fait qu'il est étroitement associé à la dimension eschatologique du culte chrétien et à la mort[8]. Par conséquent, le choix de cette iconographie a du sens dans l'église de Santa Maria della Concezione dei Cappucini puisque celle-ci abritait l'ossuaire de l'ordre des Capucins.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Stephen D. Pepper, Guido Reni : a complete catalogue of his works, Oxford : Phaidon, 1984.
  • Carlo Cesare Malvasia, Felsina Pittrice, 1698.
  • Bastien Eclercy (dir.), Guido Reni : the divine, [cat. exp. Francfort : Städel Museum, 23 novembre 2022 au 5 mars 2023], Berlin : Hatje Cantz Verlag ; Francfort : Städel, 2022.
  • Richard E. Spear, The "Divine" Guido : religion, sex, money and art in the world of Guido Reni, New Haven : Yale University Press, 1997.
  • Filippo Pedrocco (dir.), La Potenza del bene : San Michele arcangelo nella grande arte italiana [cat. exp. Mestre : Centro culturale di Mestre et Duomo di Mestre, 30 septembre 2008 au 6 janvier 2009], Venise : Marsilio, 2008.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Stephen D. Pepper, Guido Reni: a complete catalogue of his works, Oxford, Phaidon, (ISBN 978-0-7148-2047-7), p. 272
  2. (it) Francesca Candi, D'après le Guide. Incisioni seicentesche da Guido Reni, Bologna, Fondazione Federico Zeri [Università di Bologna], (ISBN 978-88-940471-8-9), p. 113-116
  3. (en) Bastien Eclercy (dir.), Guido Reni : the divine, Francfort, Städel, (ISBN 978-3-7757-5257-2), p. 49
  4. (it) Massimo Pirondini, Emilio Negro et Maria Cellini, La Scuola di Guido Reni, Modena, Poligrafico Artioli, (ISBN 978-88-7792-028-7), p. 203-207
  5. (en) Richard E. Spear, The "Divine" Guido: religion, sex, money and art in the world of Guido Reni, New Haven, Yale University press, (ISBN 978-0-300-07035-4), p. 142
  6. (en) Carlo Cesare Malvasia et Lorenzo Pericolo, Felsina pittrice: lives of the Bolognese painters : a critical edition and annotated translation, vol. 9, t. II, Londres, Harvey Miller, (ISBN 978-1-909400-69-6), p. 114
  7. (it) Maria Elma Grelli, Sulle orme di san Michele arcangelo: pellegrini e devoti nell'arte, Rome, Artifex International srls, (ISBN 978-88-940789-2-3)
  8. (it) Filippo Pedrocco, La potenza del bene : San Michele arcangelo nella grande arte italiana, Venise, Marsilio, (ISBN 978-88-317-9627-9), p. 27-39

Liens externes[modifier | modifier le code]