Guillaume Geefs

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Guillaume Geefs
Portrait de Guillaume Geefs par son épouse Fi Corr.
Fonction
Bourgmestre de Schaerbeek
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 77 ans)
Schaerbeek
Nationalité
Formation
Activité
Fratrie
Conjoint
Parentèle
Erin Corr (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales
signature de Guillaume Geefs
Signature

Guillaume Geefs, né à Borgerhout (Anvers) le et mort à Schaerbeek (Bruxelles) le , est un sculpteur belge. Il a réalisé nombre de statues, bustes et sculptures incarnant les personnages officiels de la Belgique après la Révolution de 1830.

Monument aux martyrs de la révolution de 1830.
Monument au général Belliard, rue Baron Horta, à Bruxelles.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Guillaume Geefs, né à Borgerhout le , est un membre de la famille Geefs, une fratrie de sept sculpteurs issus des deux mariages de Joannes Geefs (1779-1848), boulanger[1]. Guillaume Geefs est le fils aîné du premier mariage de son père avec Jeanne Thérèse Verbruggen (1775-1822). Cinq de ses frères sont sculpteurs : Joseph, Aloys, Jean, Théodore et Charles, sont également sculpteurs, tandis que son frère Alexandre était médailleur[2].

Le [3], à Saint-Josse-ten-Noode, Guillaume Geefs épouse Fanny Corr, dite Fi Geefs (1807-1883), peintre talentueuse d'histoire, de portrait et de genre, et sœur du graveur Erin Corr (1803-1862)[4].

Formation[modifier | modifier le code]

Son père souhaite qu'il reprenne le commerce familial, mais en raison de ses dispositions manifestes pour la sculpture, il accepte finalement d'inscrire son fils Guillaume à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, à l'âge de 14 ans. Geefs, tout en fréquentant l'atelier du sculpteur Jean-Louis Van Geel, en qualité d'aide praticien, reçoit, à l'Académie, de 1821 à 1829, une formation artistique dispensée par Jean-François van Geel, père de son premier professeur. Ces deux maîtres lui inculquent leur art avec fruit. En , Guillaume Geefs reçoit à l'instar de deux autres candidats, un prix de dessin d'après l'antique[5]. En 1828, Guillaume Geefs présente un Achille qui obtient un premier prix au Salon d'Anvers. Ce prix, décerné par la Société pour l'encouragement des beaux-arts, étant assorti d'une bourse d'étude, le jeune sculpteur a la possibilité de voyager afin de parfaire son art[4].

Il doit néanmoins concilier ses études avec son service militaire, mais il est incorporé par faveur au 15e Régiment d'Infanterie qui tient à cette époque garnison à Anvers, pendant une partie de cette période[6].

Muni d'un congé militaire règlementaire, et d'une aide financière de Mathieu-Ignace Van Brée, Guillaume Geefs poursuit en 1828 son apprentissage à Paris où il est premier au concours d'admission à l'École des beaux-arts. Guillaume Geefs ne demeure cependant à Paris que durant quelques mois avant de se rendre, afin de fortifier sa santé, dès 1829, en Italie, un voyage qui combine son rétablissement physique et la poursuite de ses études[4]. D'Italie, Guillaume Geefs envoie au Salon de Bruxelles de 1830 un bas-relief de style élégiaque, Jeune pâtre des premiers temps du christianisme effeuillant des roses sur un tombeau, qui lui vaut un accessit[7]. Son séjour en Italie est abrégé car il revient à Paris en 1830 et à Anvers en 1832[8].

Carrière[modifier | modifier le code]

Un artiste recherché[modifier | modifier le code]

À Anvers, Guillaume Geefs enseigne à l'Académie royale des beaux-arts à partir de 1832. Cette même année, un concours international est ouvert peu après la mort du général Belliard, ministre plénipotentiaire de France à Bruxelles, advenue subitement en . C'est la maquette de Guillaume Geefs qui est retenue[9]. En même temps, le gouvernement organise un autre concours destiné à représenter par une statue un hommage aux combattants défunts et à glorifier les survivants des combats de 1830. Geefs est de nouveau victorieux de l'épreuve et réalise également en 1832 un buste du roi Léopold Ier. Dans ces conditions, le professorat est difficile à assumer. Il ne reste donc pas longtemps à ce poste qu'il transmet à son frère cadet Joseph, avant de se fixer à Schaerbeek pour y installer son atelier[10],[11].

En effet, les commandes affluent venant de Léopold Ier, premier monarque de la jeune Belgique, et du gouvernement belge. L'enjeu consiste à inscrire dans la pierre des monuments la conscience nationale naissante. Dès 1832, le monument de la place des Martyrs à Bruxelles pour honorer l'héroïsme des révolutionnaires de 1830, ainsi que le mausolée de marbre blanc de Frédéric de Merode dans la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule. Ensuite, le général Belliard vient en 1838 orner les abords du parc Royal[12], puis c'est Rubens qui se voit statufié en 1840 à Anvers, et enfin Léopold Ier lui-même au sommet de la Colonne du Congrès en 1859[13].

De nombreuses commandes émanent également des villes, des églises, de particuliers[10] et même de l'étranger. Il réalise ainsi des autels et chaires de vérité en marbre à Liège, Herentals et Schaerbeek, des statues de personnalités locales et nationales (André Grétry à Liège et Joseph Lebeau à Huy) et des groupes, bustes et statues pour les palais de Bruxelles, La Haye, Windsor, Lisbonne et Dublin[14].

En 1845, à l'occasion de la réorganisation de l'Académie de Belgique en trois classes, Guillaume Geefs est un des artistes désigné par le gouvernement pour former dans la classe des beaux-arts la section de sculpture[10].

Statuaire officiel et homme politique[modifier | modifier le code]

Parallèlement à sa carrière artistique, Guillaume Geefs commence une carrière politique de tendance tendance libérale qui le conduit en 1848 à devenir conseiller communal, puis, du à la remise de sa démission, acceptée par un Arrêté royal du , bourgmestre de Schaerbeek[15]. Il y habitait rue des Palais. De 1853 à 1856, il fait également partie du Conseil provincial du Brabant. Statuaire officiel[N 1], Marguerite Devigne estime que Geefs est « devenu prisonnier de son succès, et peut-être aussi d'une certaine tendance naturelle à rechercher les honneurs[11]. » À partir de 1850, il est membre de l'Institut de France. En 1854, le gouvernement commande à Geefs une statue en marbre blanc du monarque et destinée à la salle des séances de la Chambre des représentants. L'accueil est tiède envers cette œuvre, jugée soignée à l'excès, mais empreinte de trop de froideur, loin de l'élégance de la statue de Belliard[16].

Progressivement, à partir de 1845, un autre sculpteur, Louis-Eugène Simonis, se crée une large place dans la statuaire belge et essentiellement à Bruxelles, et conquiert rapidement une renommée égale à celle de Guillaume Geefs. C'est ensemble, en 1848, que les deux hommes sont élus membres de l'Académie royale de Belgique. Le Godefroid de Bouillon, érigé par Simonis en 1848 sur la place royale de Bruxelles est accueilli très favorablement. Dans l'ornementation de la Colonne du Congrès, Simonis prend une part importante aux côtés de Guillaume Geefs, de même que d'autres artistes comme Louis Jehotte et Charles-Auguste Fraikin. Guillaume Geefs, dont le temps est absorbé par la lourde charge que constitue sa brillante situation, l'obligeant à produire une multitude de bustes. Son œuvre dans l'espace public est ralentie et sera entravée de manière pérenne[17].

Élèves[modifier | modifier le code]

Afin de produire toujours davantage de représentations de personnages officiels, dont certaines sont marquées par un aspect de « fabrication », Guillaume Geefs recours aux service de nombreux élèves fréquentant son atelier, à commencer par ses frères Théodore, Alexandre et Charles. Parmi ses autres élèves figurent notamment : Paul Bouré, Amable Dutrieux, Barthélémy Frison, Charles-Henri Geerts, Léopold Harzé, Joseph Jaquet, Égide Mélot, Victor Poelaert, Pierre Puyenbroeck, Pierre-François Swiggers et Léopold Wiener[4].

Dernières années[modifier | modifier le code]

Guillaume Geefs, dont le mauvais état de sa santé l'obligeait progressivement à vivre dans une sorte de réclusion, meurt à Schaerbeek, à l'âge de 77 ans en son domicile rue des Palais no 22 le , quatre jours avant son épouse Fanny. Il est inhumé au cimetière de Schaerbeek[10].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Hommages et distinctions[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Son acte de décès le désigne comme « statuaire royal ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. Stappaert 1883, p. 539.
  2. Marchal 1887, p. 11-12.
  3. Commune de Saint-Josse-ten-Noode, « Acte d'état civil n°45 » Inscription nécessaire, sur Familysearch, (consulté le )
  4. a b c et d Devigne 1958, p. 400.
  5. Rédaction, « Concours de sculpture », Courrier des Pays-Bas, no 112,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Edmond Marchal, Essai sur la vie et les œuvres de Guillaume Geefs, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, , 228 p. (lire en ligne), p. 189.
  7. Rédaction, « Concours de sculpture », Journal de la Belgique, no 233,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  8. Devigne 1958, p. 400-401.
  9. Devigne 1958, p. 394.
  10. a b c d et e Rédaction, « Guillaume Geefs », L'Indépendance belge, no 25,‎ , p. 1-2 (lire en ligne, consulté le ).
  11. a et b Devigne 1958, p. 394-395.
  12. « La statue du général Belliard », L'Indépendance Belge, no 267,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  13. Louis de Lichtervelde, Léopold Ier et la formation de la Belgique contemporaine, Bruxelles, Dewit, , 384 p., p. 347.
  14. « Journal de Bruxelles », Journal de Bruxelles,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  15. « Actes officiels », L'Indépendance Belge, no 56,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  16. Devigne 1958, p. 397-398.
  17. Devigne 1958, p. 397-399.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marguerite Devigne, Bibliographie nationale : Guillaume Geefs, t. 30, Bruxelles, Émile Bruylant, , 924 p. (lire en ligne), p. 393-409.
  • Edmond Marchal, Étude sur la vie et les œuvres de Joseph-Germain Geefs, Bruxelles, F. Hayez, , 51 p. (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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