Myosotis scorpioides

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Myosotis scorpioides, le myosotis des marais ou myosotis faux scorpion est une des nombreuses espèces du genre Myosotis, de la famille des Boraginaceae.

C'est une plante herbacée vivace, hermaphrodite s'élevant à 30-60 cm dans la strate herbacée ou poussant en partie dans l'eau. Volontiers semi-aquatique et très tolérante aux inondations temporaires[1], hémicryptophyte (dont les bourgeons persistent durant la mauvaise saison au niveau du sol alors que la partie haute meurt en hiver) elle vit aussi dans les bois et prairies. Elle tend à régresser sur les bordures de fossés et de zones humides, peut-être en raison de l'eutrophisation[2] qui favoriserait des espèces plus banales.

Les anglophones l'appellent Water Forget-me-not (Ne m'oublie pas, ou Myosotis des eaux).

Vue rapprochée des fleurs et boutons.
Situation sur berge (habitat typique).
Floraison.
Détail de la feuille (pilosité).

Habitat, répartition[modifier | modifier le code]

C'est une espèce commune en Europe occidentale et présente en zone tempérée de l'Europe centrale et de l'Amérique du Nord[3].

Elle vit de 0 à 2 000 m d'altitude, dans les prairies fraiches et bois humides, dans les marais et sur les berges d'étangs ou cours d'eau.

Description[modifier | modifier le code]

  • Hauteur : 20 à 60 cm.
  • Tige parfois d'abord rampante à la base, anguleuse, rameuse et velue (avec des poils appliqués dans sa partie haute et des poils étalés à sa base)
  • Feuille : vert clair ; sont alternes, allongées, lancéolées, sessiles, velues et plutôt molles. Elles peuvent se développer sous l'eau quand la plante et immergée par une crue. Le feuillage est persistant jusqu'au gel.
  • Inflorescence : les fleurs sont très petites (corolle rotacée de 6 à 8 mm de diamètre), à 5 pétales (bleu ciel et parfois blanches ou rosées, avec un centre jaune. Elles sont disposées au sommet de la plante, en grappes volumineuses. L'inflorescence est sous forme de cyme unipare biscorpioïde (en forme de queue de scorpion, d'où le nom de cette espèce[4]). Le tube est plus court que le limbe formé de 5 lobes étalés, arrondis et légèrement échancrés.
    • La cyme est d'abord lâche et spiralée puis droite en fin de floraison.
    • La corolle est bleu pâle tirant parfois sur le rose. Le limbe est étalé.
    • Le calice porte des poils courts, appliqués, non crochus à leur extrémité et peu nombreux. Il est divisé (fendu) jusqu'au tiers.
    • Floraison : mai à octobre.
  • Infrutescence : après fécondation, chaque fleur produit 4 akènes noirs ; à pédicelle fructifère étalé, 1 à 3 fois plus long que le calice.

Confusion possible[modifier | modifier le code]

  • Myosotis nemorosa Besser est une espèce proche, mais dont la fleur est nettement plus petite.
  • Myosotis laxa subsp. cespitosa (C.F. Schultz) Hylander ex Nordh. lui ressemble aussi, mais sa tige est plus ramifiée et le calice est fendu jusqu'à la moitié.

Écologie[modifier | modifier le code]

Cette plante fait partie de celles qui jouent un rôle lors des crues dans la stabilisation de certaines berges contre l'érosion par le batillage et les vaguelettes formées par le vent et le courant.

État, pressions, menaces[modifier | modifier le code]

Outre la destruction et fragmentation de son habitat, l'eutrophisation est une des menaces qui pèsent pour l'espèce. En effet, si l'eutrophisation par les eaux usées a fortement diminué en Europe centrale (grâce à l'assainissement et aux progrès du traitement des nitrates et phosphates par les stations d'épuration) cette source d'azote et de phosphore a été remplacée par d'autres [5] qui sont la pollution azotée de l'air et des pluies. Cette eutrophisation de l'air a deux origines connues : 1) une origine agricole dans les campagnes (évaporation à partir des engrais azotés) et 2) la pollution urbaine par les chaudières et surtout par la pollution automobile ; les oxydes d'azote émis par les pots d'échappement, non traités par la plupart des pots catalytiques sont une source indirecte, continue et croissante de nitrates dans la basse atmosphère et les eaux météoriques).

D'autres sources discrètes d'eutrophisation sont :

  • les apports de nutriments qui suivent le lessivage de feux de camp, feux de litière, notamment sur les plages d'étangs ou très près des berges.
  • les apports de nutriments faisant suite aux fauches sans exportation ;
  • L'embroussaillement des berges (où les grands herbivores, souvent n'existent plus), peut être source d'accumulation de matière végétale en décomposition, et également d'ombre et de concurrence.

Le recul des insectes pollinisateurs (à cause des pesticides probablement) pourrait peut-être aussi affecter le succès de sa reproduction.

Synonymes[modifier | modifier le code]

  • Myosotis palustris (L.) Hill
  • Myosotis praecox Hülph.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. A metabolic therory of flooding tolerance : the significance of enzyme distribution and behaviour ; M. MCManmon, R. M. M. Crawford ; En line: 2 mai 2006 DOI:10.1111/j.1469-8137.1971.tb02529.x ; New Phytologist Volume 70, Issue 2, pages 299–306, mars 1971 (Résumé)
  2. J. G. M. Roelofs ; Impact of acidification and eutrophication on macrophyte communities in soft waters in The Netherlands I. Field observations ; Aquatic Botany Volume 17, Issue 2, October 1983, Pages 139-155 doi:10.1016/0304-3770(83)90110-9
  3. Carte de répartition sur le portail du GBIF
  4. François Couplan, Les plantes et leurs noms. Histoires insolite, Éditions Quae, (lire en ligne), p. 87.
  5. Fiche sur cette espèce en Suisse (avec carte de répartition) ; OFEFP/CPS/CRSF/PRONATURA 1999

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • R. Fitter, A. Fitter, M. Blamey, Guide des fleurs sauvages, Delachaux et Niestlé, Paris (1re éd. 1976), 7e éd. 2011, 352 p., (ISBN 978-2-603-01638-1)
  • David Streeter et al., Guide Delachaux des fleurs de France et d'Europe, Delachaux & Niestlé, Paris 2011, 704 p., (ISBN 978-2-603-01764-7)
  • Lambinon J. et al., Nouvelle flore de la Belgique, du G.-D. de Luxembourg, du Nord de la France et des régions voisines (Ptéridophytes et Spermatophytes), Meise, Jardin botanique national de Belgique, 6e éd., 2012, 1195 p. (ISBN 978-90-72619-88-4)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]