User:Stavianne

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Le monastère Notre-Dame de l'Assomption à Estavayer-le-Lac est un monastère de moniales dominicaines fondé en 1316. Il est situé dans le canton de Fribourg et est rattaché à l'Ordre dominicain, autrement dit Ordre des Prêcheurs. Une communauté y vit et prie sans interruption depuis bientôt 700 ans. Les soeurs sont actuellement au nombre de 13.

Historique[edit]

Arrivée à Estavayer[edit]

Vers 1290, une communauté de moniales dominicaines se fonda à Eschyssié (Chissiez) près de Lausanne sur la propriété du Chanoine Bovon Psautier qui dota le monastère. Leur sécurité n'étant pas assurée en dehors des murs de la ville de Lausanne, les soeurs s'installèrent à Estavayer-le-Lac en 1316/1317 sous le priorat de sœur Béatrix de Vevey et furent reçues dans la maison du chanoine Guillaume d'Estavayer. Et depuis cette époque, durant bientôt 700 ans sans interruption, les sœurs ont chanté tous les jours la louange du Seigneur. Certaines sœurs de la communauté primitive avaient refusé le déménagement et étaient restées dans l'ancienne maison d'Echyssiez, elles rejoignirent les sœurs d'Estavayer en 1331, à l'exception de l'ancienne prieure Jacquette de Fribourg. Les moniales contribuèrent à la fondation du monastère de Montfleury en 1347 par l'envoi de plusieurs sœurs, dont sœur Pérussonne d'Estavayer qui fut prieure du nouveau monastère.

Les premiers siècles[edit]

La vie des moniales des premiers siècles nous est peu connue, à part pour la gestion du temporel car les sœurs durent maintes fois se battre pour faire respecter leurs droits au cours de procès dont nos ancêtres étaient si friands. Au cours du XV° siècle, le monastère a reçu deux visites importantes. La première, en 1404, est celle de saint Vincent Ferrier: les prédications qu'il fit aux moniales, au clergé et au peuple d'Estavayer ont été éditées. En 1425, c'est sainte Colette de Corbie qui passa à Estavayer en se rendant à Orbe alors qu'elle visitait et réformait les communautés de clarisses. C'est la période au cours de laquelle Humbert de Savoie, dit Humbert le Bâtard, au retour de sa captivité turque, exerça sa générosité envers le monastère: il fit notamment construire le sanctuaire actuel, ainsi que la chapelle attenante qui était destinée à être sa chapelle funéraire et où il fut inhumé en 1443. Nous disposons d'un témoin original et intéressant de la vie des moniales au milieu du XIV° siècle par la relation d'un dialogue entre Sœur Jeanna et un noble quelque peu séducteur, le sieur de B. En 1475, la ville d'Estavayer fut mise à sac par les Bernois et le monastère donna refuge à une partie des bourgeois de la ville.

Des temps difficiles[edit]

Une période très difficile pour la communauté fut la Réforme protestante. Estavayer demeura catholique, alors que les environs passaient au protestantisme. En 1536, le couvent des frères dominicains de Lausanne qui fournissait les aumôniers du monastère fut supprimé et les sœurs furent privées du soutien de l'Ordre dominicain durant une quarantaine d'années. À partir de 1462, c'est une épidémie de peste qui décima Estavayer pendant au moins deux ans. Il semble que seules deux ou trois moniales en réchappèrent et maintinrent la louange du Seigneur sans discontinuer.

Reconstructions[edit]

En 1599, une partie des bâtiments conventuels s'effondra, heureusement sans faire de victimes car les sœurs étaient toutes dans l'église pour la prière nocturne. La communauté ne s'était pas encore relevée de la Réforme qui avait eu aussi des conséquences financières pour le monastère, aussi n'eurent-elles pas les moyens de faire réparer les bâtiments immédiatement. À partir de 1620, des nombreuses jeunes filles de familles nobles de Fribourg entrèrent au monastère et la situation financière fut rétablie. Ce fut un moment de grande spiritualité: les sœurs instaurèrent la clôture dans le monastère et certaines furent l'objet de biographies dans des ouvrages dominicains. C'est aussi à ce moment que les Confréries du Rosaire liées au monastère connurent un grand essor. De 1685 à 1635, les bâtiments conventuels furent reconstruits en plusieurs phases successives. En 1704, les soeurs reprennent la vie commune, c'est-à-dire la mise en commun de tous leurs biens. En 1775, saint Benoît-Joseph Labre passa à Estavayer et donna une petite statuette de la Vierge aux moniales pour les remercier de leur accueil. Cette statuette est toujours en possession de la communauté. En 1788, le monastère passa sous la juridiction de l'évêque de Lausanne dans des circonstances assez douloureuses, les aumôniers étant désormais des prêtres séculiers et non plus des dominicains. Puis en 1798, la loi interdisant la réception des novices fut passée, le noviciat fut rouvert en 1803. Il fallut plusieurs dizaines d'années pour rétablir l'observance qui avait beaucoup souffert du contexte politique difficile. Les sœurs y furent notamment encouragées par la visite en 1842 du Père Henri-Dominique Lacordaire, restaurateur de l'Ordre dominicain en France et par une prédiction en 1857 du saint curé d’Ars: "Le monastère subsistera encore longtemps et fera beaucoup de bien." Ce n'est qu'en 1876 que les moniales vont retrouver des aumôniers dominicains.

Les historiens du monastère[edit]

Des premiers siècles, nous savons peu de choses sur les sœurs, nous pouvons juste retrouver quelques noms sur des actes notariés. Les Pères Zoppy vers 1475 et Contet vers 1630, aumôniers du monastère, établirent l'un un nécrologe et l'autre un registre de profession. Ces documents sont lacunaires mais néanmoins très précieux. À la fin du XVII° siècle, le Père François-Luc de Lucinge écrit la première histoire du monastère. C'est ensuite la Mère Rose Tercier, archiviste, qui rédigea une chronique à partir du texte du Père de Lucinge et des documents dont elle avait connaissance. En 1913, le Père Adrien Daubigney fournit un travail colossal et inventoria la totalité des archives et publia en 1913 son livre " Six siècles d'existence, le Monastère d'Estavayer de l'Ordre de saint Dominique". Ce livre très dense fait encore autorité aujourd'hui mais ne prend en compte que les sources internes. Il est heureusement complété par l'inventaire systématique de Romain Jurot pour Helvetia Sacra. Nous attendons pour 2016 la publication d'un livre sur les monuments d'Estavayer-le-Lac par Daniel de Raemy, historien du service des biens culturels de Fribourg. Une partie en sera consacrée à l'architecture du monastère. À l'occasion du jubilé célébrant les 700 ans du monastère, un colloque universitaire et diverses conférences sur le monastère auront lieu en 2016/2017. Les résultats de ces travaux seront publiés et enrichiront la bibliographie.

Église[edit]

L'église du monastère est ouverte chaque jour, les fidèles peuvent participer aux offices religieux de la communauté. Le sanctuaire du XV° siècle a été construit en pierre grise de la Molière par la générosité d'. On voit aussi des grilles à ses armoiries qui clôturent ce qui fut sa chapelle funéraire. La nef fut reconstruite en 1697-1699 en pierre jaune de Neuchâtel. Une série de vitraux de l'atelier Camille Ganton de Gand en Belgique siècle retrace l'histoire du monastère. Ils ont été réalisés en 1904 lors de la restauration de l'église par le Père Gonsalve Barthier, dominicain. Par ailleurs, l'église contient plusieurs œuvres d'art remarquables:

  • Le triptyque de la Nativité sorti de l'atelier du sculpteur Hans Geiler en 1527. Outre les panneaux latéraux représentant les scènes de la nativité, il montre la Vierge de l'Apocalypse, saint Dominique et saint Thomas d'Aquin. Il a été commandé par sœur Maurice de Blonay, sœur de ce monastère, et son cousin Claude d'Estavayer, évêque de Belley qui se sont fait représenter sur les panneaux arrière. Le triptyque est actuellement exposé au Musée d'art et d'histoire de Fribourg en attendant un prochain retour à Estavayer où des travaux doivent être entrepris pour assurer sa conservation.
  • L'arbre généalogique (huile sur bois par J. Rolbels 1675) représente un motif classique de l'iconographie : une famille religieuse représentée sous forme d’arbre généalogique avec le fondateur à sa base. Il s'agit ici de saint Dominique de Guzman et de l'Ordre des Prêcheurs qu'il a fondé, aussi appelé ordre dominicain.
  • Deux tableaux provenant de retables d'anciens autels latéraux de l'église proviennent de l'atelier de Claude-Adrien Balanche-Richarde, peintre de Morteau, vers 1700 et témoignent de l’importance des échanges artistiques entre Estavayer et la Franche-Comté. L'un représente le Christ tombant sous le poids de la croix et porte en médaillon saint Raymond de Peñafort, dominicain et l'autre le Retour d'Égypte, ou la double Trinité. Il s'agit d'une iconographie très caractéristique de la Contre-Réforme, qui a énormément développé le culte de la Sainte Famille.
  • Le grand Christ en bois noir de la nef provient de l'ancienne abbaye de Jumièges.
  • Les deux vitraux du sanctuaire sont l’œuvre de l’artiste fribourgeois Bernard Schorderet. Réalisés en 1975, ils sont tout d’or et de lumière. Ces deux œuvres lumineuses, alliées à la beauté de la pierre jaune et grise donne une image de paix et de sérénité et créent une atmosphère de chaleur et de douceur favorable à la prière.
  • Le tabernacle porte des émaux du Bordelais Raymond Mirande représentant les disciples d'Emmaüs.

La vie des moniales aujourd'hui[edit]

La communauté[edit]

Le monastère compte aujourd'hui une douzaine de moniales dominicaines vivant sur place, il est rattaché à la Fédération Notre-Dame des Prêcheurs qui rassemble les monastères de France, Suisse romande et Norvège. Il est actif dans le Service des Contemplatives de Suisse romande. L'aumônerie est assurée par un frère de la Province dominicaine de Suisse.

Offices religieux[edit]

Depuis le XIVème siècle, la vie de la communauté est centrée sur la prière personnelle et liturgique, le tout représentant cinq heures par jour. L'office divin, basé sur les psaumes et la Parole de Dieu, scande la journée, matin, midi et soir. Laudes à 6h30, le dimanche à 7h 15 – Chapelet et office du milieu du jour à 11h 30 – Vêpres à 17h 30 – Complies et Vigiles à 20h 15. Messes à 7h 30 en semaine et à 11h le dimanche.

Prière et travail[edit]

La journée des moniales est partagée entre la prière, le travail et les tâches quotidiennes d'entretien de la maison. Comme tout le monde, les moniales doivent travailler pour gagner leur vie. Elles confectionnent une eau de toilette, le Bouquet de Provence, ainsi que des confitures avec les fruits du jardin, des biscuits et autres artisanats. Le potager leur fournit des légumes frais.

Magasin monastique[edit]

Le petit magasin du monastère est ouvert de 9h00 à 11h 30 et de 14 h 30 à 17 h 00. On y trouve les produits fabriqués par les religieuses, ainsi que des produits de monastères français et suisses, des cartes postales et cartes photos et des objets de piété.

Hôtellerie monastique[edit]

Hôtes et retraitants sont accueillis dans l'hôtellerie monastique La Source, une ancienne grange transformée en maison d'accueil en 1997. La Source est dotée de chambres, de dortoirs et de salles de réunion, et reçoit de nombreux groupes et individuels pour des séjours à vocation spirituelle, culturelle, ou autre. Plusieurs formules sont proposées, de l'autogestion à la pension complète.

Retraites au monastères[edit]

Les moniales organisent chaque année des retraites pour filles (10-14 ans et 14-18 ans, ainsi qu'une retraite théologique.

Jubilé du monastère[edit]

À l'occasion des 700 ans de présence à Estavayer-le-Lac, les moniales organiseront une année jubilaire en 2016/2017 et proposeront à cette occasion des journées portes ouvertes, un colloque sur l'histoire du monastère ainsi que diverses conférences.