Jocelyn Bell

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Jocelyn Bell
Jocelyn Bell Burnell lors du lancement de l’année internationale de l’astronomie à Paris
Jocelyn Bell Burnell en 2009.
Fonctions
Présidente par intérim (en)
Royal Society of Edinburgh
Chancelière
Université de Dundee
depuis le
Présidente de la Royal Society of Edinburgh
-
Présidente
Royal Astronomical Society
-
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Jocelyn bellVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Formation
The Mount School (York) (en) (à partir de )
Université de Glasgow (années 1960-)
Murray Edwards College (doctorat) (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Conjoint
Martin Burnell (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Gavin Burnell (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Religion
Quaker
Membre de
Directeur de thèse
Site web
Distinctions
Enregistrement vocal
Œuvres principales

Jocelyn Bell Burnell, née Susan Jocelyn Bell le [1], est une astrophysicienne britannique. Elle est connue pour sa découverte du premier pulsar, pour laquelle son directeur de thèse Antony Hewish obtient le prix Nobel, ce qui déclenche une très vive controverse[2],[3],[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et vie familiale[modifier | modifier le code]

Susan Jocelyn Bell est née à Belfast en Irlande du Nord le . Elle est l’aînée d’une fratrie de quatre composée d'un garçon et de trois filles[5]. Son père, George Philip Bell, est architecte et aide à concevoir le planétarium d’Armagh (en)[6]. Elle grandit dans une famille aisée, qu’elle qualifie comme appartenant à la « gentry[5] » ; ainsi plusieurs employés de maison aident sa mère, Margaret Allison Bell, née Kennedy, à tenir la maison. Elle s'intéresse très jeune à l’astronomie[7] ; elle accompagne son père à l’Observatoire d’Armagh et y rencontre le personnel de l’observatoire qui nourrit sa curiosité. Elle vit à Lurgan et étudie au Lurgan College (en) entre 1948 et 1956[8].

À onze ans, elle échoue à l’examen 11+, utilisé pour orienter les enfants vers des études générales ou professionnelles[5]. Entre 1956 et 1961, ses parents l’envoient à la Mount School (en) de York, un pensionnat de filles de la Société religieuse des Amis[9],[10]. Là-bas, elle est marquée par un professeur à qui elle attribue une grande partie de sa vocation pour la physique[11].

En 1968, elle épouse Martin Burnell, un fonctionnaire[7], dont elle divorce en 1993[12],[7] après avoir eu un fils, Gavin Burnell. Ayant des difficultés pour trouver des garderies, elle travaille à temps partiel pour élever son fils[5]. Ce dernier est devenu physicien de la matière condensée[5],[13].

Carrière[modifier | modifier le code]

Graphique sur lequel Jocelyn Bell Burnell a reconnu pour la première fois la présence d’un pulsar, exposé à la bibliothèque de l’université de Cambridge.

Jocelyn Bell est Bachelor of Science de l'université de Glasgow en 1965 puis obtient son Ph.D. à l'université de Cambridge en 1969. À Cambridge, elle travaille avec Antony Hewish et quelques autres à la fabrication d’un radiotélescope destiné à l’étude des quasars, récemment découverts à l’époque, en utilisant la scintillation interplanétaire qui permet de distinguer les sources compactes de celles plus étendues. En 1967, examinant les enregistrements du radio-télescope, Bell remarque un signal différent des signaux radioastronomiques connus, dont la position, sur la sphère céleste, semble constante et dont les pulsations, environ une par seconde, sont régulières. Temporairement baptisée « Little Green Men 1 » (« Petits Hommes verts no 1 »), la source est par la suite identifiée comme étant une étoile à neutrons.

Elle met en évidence ainsi le premier pulsar, découverte pour laquelle son directeur de thèse Antony Hewish obtient le prix Nobel en 1974, ce qui déclenche une très vive controverse[14] initiée par Fred Hoyle et relayée par d’autres confrères, scandalisés de voir ce prix prestigieux remis à un directeur de thèse, au lieu d’être remis à la personne ayant fait la découverte au motif qu’elle était simplement étudiante ou parce que c’était une femme. Elle déclarera en 1977 : « Je pense que les prix Nobel seraient dévalorisés s'ils étaient attribués à des étudiants en recherche, sauf dans des cas très exceptionnels, et je ne pense pas que ce soit le cas ici »[15].

Après avoir obtenu son doctorat, Jocelyn Bell travaille à l'université de Southampton, à l'University College de Londres et à l'Observatoire royal d'Édimbourg, avant de devenir pendant dix ans professeur de physique pour l’Université ouverte (Open University, institution anglaise donnant des cours à distance) ; elle est ensuite professeur invitée à l’université de Princeton. Bell fut doyenne de science à l'université de Bath entre 2001 et 2004 et présidente de la Royal Astronomical Society entre 2002 et 2004 et professeur invitée à l'université d'Oxford.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Bien que n'ayant pas partagé le prix Nobel de physique remis en 1974 à Antony Hewish pour leur découverte, elle fut honorée par un certain nombre d'autres organisations.

Prix[modifier | modifier le code]

Sociétés savantes[modifier | modifier le code]

Honneurs[modifier | modifier le code]

Elle a obtenu plusieurs Doctorat honoris causa comprenant :

L'observatoire de l'association d'astronomie étudiante UPS in Space[46] de l'Université Toulouse-III-Paul-Sabatier a été nommé en son honneur. En effet, l'Observatoire Jocelyn Bell de Toulouse (OJBT) est un observatoire à la gestion innovante ; le 1er observatoire astronomique 100 % étudiant de France[47]. Ce concept novateur positionne également la France en pionnière de l'astronomie étudiante. Après des années de travail par une équipe d'étudiants motivés, passionnés d'astronomie et inspirés par le parcours de Jocelyn Bell, l'OJBT voit symboliquement le jour en mai 2023 avec la pose de la coupole sur le campus[48].

D'avril 2023 à avril 2024, l'Espace pour la vie (Montréal), avec l'artiste MissMe, rend hommage à Jocelyn Bell et 6 autres femmes scientifiques, Katherine Johnson, Mary Jackson, Donna Strickland, Vera Rubin, Lise Meitner et Emmy Noether, « restées inconnues trop longtemps » avec l'exposition nobELLES dans le Planétarium[49],[50],[51],[52].

Décorations[modifier | modifier le code]

Documentaire[modifier | modifier le code]

Jocelyn Bell Burnell a été l’objet de la première partie de la série en trois parties Beautiful Minds de BBC Four, réalisée par Jacqui Farnham, dans laquelle sa carrière et ses contributions à l’astronomie sont exposées[54]. En 2015, elle a reçu en Angleterre le prix Women of the Year Prudential Award dans la catégorie Lifetime Achievement[55]. À cette occasion, elle dira : « On peut actuellement s’en tirer extrêmement bien sans avoir obtenu de prix Nobel, et j’ai eu de nombreux autres prix, et tellement de récompenses et d’honneur que, en réalité, je pense que je me suis bien plus amusée que si j’avais eu le prix Nobel. C’est un feu de paille en quelque sorte : vous l’avez, vous êtes heureux le temps d’une semaine , et tout est terminé, plus personne ne vous remet quoi que ce soit après, parce qu’il y a le sentiment que rien ne peut être au même niveau »[56].

Documentaire en deux parties Einstein-Hawking, l'Univers dévoilé : Jocelyn Bell Burnell explique la genèse de sa découverte des pulsars dans la toute fin de la première partie de ce documentaire. Réalisation : Michael Lachmann. Pays : Royaume-Uni. Année : 2019. Diffusion sur la chaine franco-allemande Arte le 6 août 2022.

Société des Amis[modifier | modifier le code]

Depuis ses études dans une école quaker, Jocelyn Bell est active dans la Société des Amis. Elle est secrétaire (clerk) de l’Assemblée britannique de 1995 à 1997 et secrétaire (clerk) du comité exécutif du Friends World Committee for Consultation en 2008-2012. Elle témoigne de son itinéraire religieux et de ses croyances dans un entretien avec Joan Bakewell en 2006[57].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Sharon Bertsch McGrayne, Nobel Prize Women in Science, Joseph Henry Press (en), (lire en ligne), p. 358.
  2. (en-US) « Female physicist “snubbed” for Nobel Prize recognized as “Woman of the Year” », Women in the World (en),‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Jocelyn Bell, passion pulsars », France Culture,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Sarah Tesh et Jess Wade, « Look happy dear, you've just made a discovery », Physics World (en), vol. 30, no 9,‎ , p. 31-33 (ISSN 0953-8585, DOI 10.1088/2058-7058/30/9/35).
  5. a b c d et e (en) « Oral History Transcript — Dr. S. Jocelyn Bell Burnell », sur aip.org, American Institute of Physics — Interview réalisée le par David DeVorkin.
  6. (en) Colin Johnston, « Pulsar Pioneer visits us », Astronotes, Armagh Planetarium (en),‎ , p. 2–3 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  7. a b et c (en) « Jocelyn Bell Burnell », sur famousscientists.org
  8. (en) « Lurgan College in Focus: a school proud of its rich past », Lurgan Mail (en),‎ (lire en ligne).
  9. Communément connus sous le nom de quakers.
  10. Elle a été la présidente de l’« association des anciens élèves »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) entre 2007 et 2009.
  11. (en) Kate Marsh Weatherall, « The woman who discovered pulsars », sur weatheralltech.com, (consulté le ).
  12. (en) « Jocelyn Bell Burnell », sur nndb.com
  13. (en) « Dr Gavin Burnell », sur stoner.leeds.ac.uk, University of Leeds - Condensed Matter Physics Group.
  14. Sur cette controverse :
    1. — Le dernier chapitre du livre L'astronomie au féminin, de l'astrophysicienne belge Yaël Nazé, est consacré à la découverte de Jocelyn Bell et de la controverse qui s'ensuivit. Un résumé de cet ouvrage peut être trouvé sur J.-P. Maratray, « Astronomie au féminin », sur astrosurf.com
    2. « Une petite guerre des étoiles », Le Devoir,‎ (lire en ligne) — Une interview de Jocelyn Bell en 2007 où elle relate son sentiment mitigé 33 ans plus tard.
  15. (en) S. Jocelyn Bell Burnell, « Little Green Men, White Dwarfs or Pulsars? », Issue 01 Page 16, sur Bigear.org, Cosmic Search, (consulté le ) : « I believe it would demean Nobel Prizes if they were awarded to research students, except in very exceptional cases, and I do not believe this is one of them. »
  16. (en) « MICHELSON », sur Franklin Institute (consulté le ).
  17. (en) « Physics Today (1978) », sur Physics Today (consulté le ).
  18. (en) « Beatrice M. Tinsley Prize », sur Union américaine d'astronomie (consulté le ).
  19. (en) « Herschel Medal Winners » [PDF], sur Royal Astronomical Society (consulté le ).
  20. (en) « The Magellanic Premium of the American Philosophical Society », sur Société américaine de philosophie (consulté le ).
  21. (en) « Michael Faraday Prize and Lecture », sur Royal Society (consulté le ).
  22. (en) « Royal Medals », sur Royal Society (consulté le ).
  23. « Les lauréats des prix de l'Académie des sciences attribués en 2018 | Lauréats | Prix et médailles | Encourager la vie scientifique », sur academie-sciences.fr (consulté le ).
  24. (en) « Special Breakthrough Prize in fundamental physics awarded to Jocelyn Bell Burnell pour la découverte des pulsars », sur Breakthrough Prize (consulté le ).
  25. (en) Ian Sample, « British astrophysicist overlooked by Nobels wins $3m award for pulsar work », sur the Guardian, (consulté le ).
  26. (en) « Jocelyn Bell Burnell awarded Copley Medal », sur Département de Physique d'Oxford, (consulté le )
  27. « Professor Dame Jocelyn Bell Burnell wins 2022 Jules Janssen Prize », sur Société astronomique de France
  28. (en) « Professor Jocelyn Bell Burnell wins Special Breakthrough Prize », sur Royal Astronomical Society (consulté le ).
  29. (en) « Jocelyn Bell Burnell », sur Royal Society (consulté le ).
  30. (en) « Jocelyn Bell Burnell », sur Union astronomique internationale (consulté le ).
  31. (en) « Professor Dame Susan Jocelyn Bell Burnell DBE FRS PRSE MRIA », sur Royal Society of Edinburgh (consulté le ).
  32. (en) « Jocelyn Bell Burnell », sur Académie nationale des sciences (consulté le ).
  33. (en) « Honorary Members », sur Union américaine d'astronomie (consulté le ).
  34. (en) « Jocelyn Bell Burnell », sur amacad.org (consulté le ).
  35. (en) « Women Honoured by Heriot-Watt University » [PDF], sur Université Heriot-Watt (consulté le ).
  36. (en) « 31 of Sussex's past honorary graduates you might have heard of … », sur Université du Sussex (consulté le ).
  37. (en) « Honorary Degrees », sur Université Harvard (consulté le ).
  38. (en) « Jocelyn Bell Burnell », sur Today in Astronomy (consulté le ).
  39. (en) « Images of the Honorands », sur Université de Leicester (consulté le ).
  40. (en) « Dame Jocelyn Bell Burnell receives honorary doctorate from McGill », sur Youtube (consulté le ).
  41. (en) « Honorary graduates », sur Université Napier d'Édimbourg (consulté le ).
  42. (en) « DCU honours top female astrophysicist », sur Université de la ville de Dublin (consulté le ).
  43. (en) « NUI Honorary Conferring Ceremony 2015 », sur Université nationale d'Irlande à Galway (consulté le ).
  44. (en) « Bank of England's Mark Carney among 11 receiving honorary degrees from University of Alberta », sur Edmonton Journal (consulté le ).
  45. (es) « Acto de Investidura como Doctora "Honoris Causa" de l'Excma. Sra. Dra. Jocelyn Bell », sur Université de Valence (consulté le ).
  46. « OJBT »
  47. « Un observatoire sur le campus pour étudier l'univers », sur ladepeche.fr (consulté le )
  48. Lola POUCH, « L’observatoire Jocelyn Bell de Toulouse arrive à l’université », sur Université Toulouse III - Paul Sabatier (consulté le )
  49. « nobELLES exposition », sur calendrier.espacepourlavie.ca
  50. Catherine Lalonde, « nobELLES exposition », sur www.ledevoir.com,
  51. [vidéo] Espacepourlavie Montréal, Épisode 2: Jocelyn Bell - balado nobELLES sur YouTube
  52. « MissMe rend hommage à sept femmes scientifiques au Planétarium de Montréal », sur ici.radio-canada.ca,
  53. Mélody Mourey, « Jocelyn Bell, la ténacité non récompensée », sur L'Éléphant, (consulté le ).
  54. (en) « Beautiful Minds : Jocelyn Bell Burnell », sur bbc.co.uk (consulté le ).
  55. (en) « Women of the Year 2015 Awards », sur womenoftheyear.co.uk (en) (consulté le ).
  56. Pierre Ropert, « Jocelyn Bell, passion pulsar », sur franceculture.fr, .
  57. (en) « Interview with Jocelyn Bell Burnell », sur bbc.co.uk — transcription d’un entretien pour la BBC Radio 3, émission Belief du .

Liens externes[modifier | modifier le code]

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